Pourquoi l'upcycling est-il bon pour notre santé...

Manger cinq fruits et légumes, pratiquer une activité physique, limiter sa consommation de viande… Nous connaissons par cœur les comportements que nous devons adopter pour garder la forme. Cependant, et si le véritable secret pour rester en bonne santé était en fait une pratique moins connue : l’upcycling ?

Créer des collections à partir d’étoffes existantes limite certains effets néfastes de l’industrie textile sur la santé. Des symptômes, des irritations, des maladies sont notamment dues à l’exposition à des produits chimiques toxiques, à la pollution des sols, de l’air ou encore de l’eau.

Par l'équipe LOSANJE I 08.08.2022 I Lecture 8min.

Qu'est-ce que l'upcycling ?

L’upcycling, ou “recyclage vers le haut”, consiste à transformer un matériau existant en un nouveau produit dont la valeur est supérieure. Applicable à tous nos objets du quotidien, l’upcycling est de plus en plus populaire au sein de l’industrie textile. De nombreuses marques de mode façonnent des draps anciens, des stocks de tissus dormants ou encore des bâches industrielles en vêtements uniques. LOSANJE propose une approche différente en confectionnant des vêtements en série uniquement à partir de pièces de seconde main découpées puis ré assemblées.

Au-delà de revaloriser l’existant, l’upcycling redéfinit les contours de la création dans la mode. En effet, la confection de vêtements upcyclés ne nécessite pas de réaliser toutes les étapes de fabrication d’un vêtement neuf (filature, tissage, blanchiment, teinture, impression, apprêts) ni d’utiliser la plupart des substances chimiques toxiques qui y sont associées. Ainsi, cette méthode est communément reconnue comme une des plus respectueuses de l’environnement.

Respectueux de la santé de la planète… et de la nôtre.

Afin de produire de nouveaux vêtements, l’industrie textile a largement recours à l’utilisation de produits chimiques. Si, dans certains secteurs tels que l’alimentaire et la cosmétique, la composition des produits est indiquée, il n’en est pas de même pour l’industrie de la mode : aucune réglementation n’exige que les marques et fabricants informent les consommateur·trice·s des substances chimiques présentes dans leurs vêtements neufs. Or, le vêtement, s’il n’est pas ingéré ou appliqué sur le corps, demeure au contact de notre peau. 

Des analyses de textile ont notamment révélé la présence de métaux lourds, d’amines aromatiques résiduelles associées à certains colorants azoïques, de quinoléines, de bisphénols et de benzophénones, de benzothiazoles et de benzothiazoles, de formaldéhyde… [1]. Ces substances chimiques peuvent avoir des effets néfastes sur notre santé, certaines étant notamment à l’origine d’allergies et/ou d’irritations cutanées.

A contrario, les vêtements et textiles de seconde main, matières premières de l’upcycling, ont été lavés de nombreuses fois au fil des années. Ces lavages à répétition permettent de réduire fortement, voire d’éliminer les substances chimiques toxiques présentes dans les textiles. Ainsi, en pratiquant l’upcycling, les marques valorisent des ressources existantes et créent des vêtements qui présentent moins de risques pour la santé.

D'où viennent les substances chimiques et quels sont leurs impacts ?

Les prétraitements effectués sur la fibre visent à éliminer les produits indésirables afin de donner une meilleure affinité à la teinture, à l’impression et aux apprêts :

I > I Le désencollage vise à enlever les produits d’encollage, permettant de solidifier les fils de chaîne grâce à des enzymes et d’autres auxiliaires chimiques.

I > I Le blanchiment a pour objectif de détruire les colorants naturels des fibres à partir de H2O2 et d’acide peracétique, ainsi que de retirer les impuretés qui enrobent les fibres (graisses, cires, etc.), grâce à des agents alcalins (glycérol, éthers, hydroxyde de sodium, détergent ou savon…)

I > I Le mercerisage, souvent réalisé avec de la soude caustique, pour donner aux fibres du lustre de la résistance et une meilleure affinité pour certains colorants.

Lors de cette étape, des colorants et des produits chimiques sont utilisés afin d’améliorer l’attachement des molécules de colorants aux fibres textiles.  Le recours croissant à de nouvelles substances chimiques durant cette phase serait à l’origine d’une augmentation des cas de « dermatite de contact » (inflammations de la peau, caractérisée par des rougeurs, cloques, un œdème, etc.). [2] Le plomb, utilisé au cours de la teinture a été détecté en grande quantité dans de nombreux vêtements de marques de fast-fashion. Il a des effets néfastes sur la santé, notamment sur le cerveau, le cœur, les reins et l’appareil reproducteur. [3]  (Sur le sujet du plomb, WeDressFair a réalisé un super article ! Voir le post Instagram WeDressFair

Lors de la phase d’impression, des produits chimiques tels que les phtalates (perturbateurs endocriniens qui interfèrent avec la production de testostérone), les colorants, les métaux, les solvants, le formaldéhyde (cancérigène de catégorie 1B et sensibilisant cutané 1B) et l'urée sont notamment utilisés.

Les apprêts améliorent l’aspect des textiles (gaufrage, moirage…) de manière mécanique et/ou les propriétés (antimite, infroissable…) de manière chimique. Par exemple, le traitement antimite consiste à imprégner l’étoffe d’agents chimiques qui rendent les fibres non comestibles et repoussent les mites. Quant au traitement infroissable, il est obtenu par le trempage de la matière dans un bain de résine synthétique. Les apprêts sont effectués à partir de potentielles substances toxiques telles que le formaldéhyde, les résines, les retardateurs de flamme (affectent les systèmes endocrinien, neurologique, reproducteur, immunitaire et cardiovasculaire) [4], les adoucissants et les biocides [5].

Autre mauvaise nouvelle pour les consommateur·trice·s : l’utilisation de substances chimiques ne se limite pas à la fabrication des vêtements. Viennent ensuite s’ajouter des produits pour le conditionnement, le stockage et le transport (des biocides et des fongicides), ainsi que la conservation des produits.

Pire encore : le recours aux produits chimiques implique le déversement de grandes quantités d’eau contaminées dans les rivières, les étangs, les ruisseaux… Par exemple, après la teinture, une grande quantité de colorants non fixés subsistent dans les eaux usées. Ces substances détériorent l’écosystème aquatique, l’environnement, et l’état de santé des populations des pays fournisseurs.

 
 

Laver ses vêtements, bouclier face à ces substances toxiques.

Face à ces concentrés de produits chimiques dangereux pour la santé, les consommateur·trice·s disposent d’un moyen de protection : le lavage des vêtements. Il est fortement conseillé de laver un vêtement neuf avant de le porter. En effet, les tests de lavage réalisés révèlent une baisse considérable de la concentration de certaines substances toxiques. Par essence, les vêtements upcyclés réalisés à partir d’étoffes anciennes bénéficient des effets de ces lavages à répétition.

 

Évolution du taux de substances chimiques après différents lavages.

I > I Les nonylphénols (NP), considérés comme perturbateurs endoctriniens, notamment utilisés pour la teinture, le blanchiment, le nettoyage et le rinçage des textiles ont été éliminés après lavage [6]. L’effet du lavage entraîne une baisse de leurs concentrations allant de 25 à 99,9. [6]

I > I La quinoléine, employée pour les teintures et classée comme produit chimique cancérigène [5], présente une diminution moyenne de concentration d’environ 20 % après dix lavages [8]

I > I Pour le benzothiazole (BTHs), pouvant agir comme perturbateur endocrinien et sensibilisant cutané aux propriétés allergènes et irritantes. On constate une diminution moyenne de concentration de 50 % après 1 lavages [8]. Une information non négligeable puisqu’après seulement 5 minutes d'exercice, les analyses de peaux révèlent la présence de benzothiazole sur le dos des personnes portant ces vêtements [5].

I > I Concernant les microparticules, les tests réalisés montrent que les premiers lavages permettent de libérer la majorité des fibres [10]. En ce sens, la revalorisation de textiles grâce à la création de vêtements upcyclés permet de réduire la libération de microparticules dans l’environnement. Leur propagation n’en demeure pas moins préoccupante pour la santé humaine puisque leur présence dans les placentas [11] et des tissus pulmonaires [12] des êtres humains est désormais confirmée.

 

En résumé.

En utilisant uniquement des textiles de seconde main, des vêtements, des draps, des rideaux ou encore des serviettes de seconde main, l'upcycling permet de réduire l'impact de nos vêtements sur la santé des consommateur.ices.

En effet, les matières utilisées (draps, vêtements, rideaux, etc.) ont déjà été lavées de nombreuses fois avant d'être retravaillées. Or, les observations rapportées précédemment montrent qu'une dizaine de lavages permet de réduire drastiquement les substances chimiques présentes sur les vêtements neufs sortant d'usine.

Chez LOSANJE, en plus de laver (encore une fois) les matières premières que nous récupérons, nous n'appliquons aucun processus chimique sur nos matières : ni apprêts, ni teintures, ni prétraitements, ni impression.

En plus de protéger la santé des consommateur.ices, l'upcycling, en réutilisant des textiles déjà fabriqués, préserve également la santé des travailleur.euses du secteur ainsi que celles des populations voisines des grosses entreprises du textile. Comment ? C'est à retrouver dans notre prochain article prévu à la fin du mois de septembre.